Le rétro-calcul a été jusqu'à très récemment la méthode de référence pour estimer le nombre de sujets infectés par le VIH au cours du temps (incidence du VIH) à partir des données d'incidence du SIDA et de la connaissance de la distribution de la durée d'incubation. L’introduction, à partir de 1996, des traitements hautement actifs contre le VIH a modifié considérablement la distribution de la durée d’incubation, et rend difficile la mise en oeuvre du rétro-calcul sous sa forme classique. Nous présentons une nouvelle approche, basée sur les modèles-états, pour estimer l’incidence du VIH à partir soit des données de cohortes de sujets infectés par le VIH, soit de la combinaison des données de surveillance des diagnostics de séropositivité et du SIDA. L’idée de la méthode consiste à modéliser conjointement les processus d’évolution de l’infection à VIH, le diagnostic de séropositivité, l’inclusion dans une cohorte ou dans un système de surveillance de l’épidémie, et le traitement. L’incidence du VIH et les intensités de transition sont estimées en maximisant une vraisemblance pénalisée permettant notamment d’obtenir une estimation lisse de l’incidence. La solution du problème de maximisation pour le taux d’infection est approchée sur une base de M-splines.